Conférence : Albert Camus et le christianisme

Conférence à L’UCO : Camus et le christianisme
animée par Anne Prouteau
Dans le cadre des journées organisées pour les séminaristes de l’ouest.

Albert Camus naît en 1913 en Algérie d’une famille pauvre mais soudée. Il a un an lorsque son père meurt à la guerre et sera élevé par sa grand-mère « à la main lourde » qui règnera sur la mère et les deux fils. Il voue une grande affection et vénération pour sa mère qui est douce, résignée et presque illettrée. A l ’âge de 17 ans il est atteint de tuberculose et la peur de perdre la vie va faire grandir en lui l’idée que seul le présent compte, qu’il ne faut pas perdre son temps. A l’école son intelligence le fait remarquer de son professeur de philosophie….. Jean Grenier qui devient son tuteur intellectuel et l’accompagnera dans ses études. Albert Camus lui sera reconnaissant toute sa vie et lui rendra un grand hommage lors de sa remise du prix nobel de littérature en 1957
Il aborde la religion avec lucidité en lisant St Augustin qui prône l’ascétisme et le dépouillement avec l’espoir d’une vie meilleure dans l’au-delà. Pour lui c’est une absurdité de reporter sur l’au-delà ses espoirs en méprisant le présent, c’ est aberrant !!! il faut vivre le présent.

« La vraie générosité est de tout donner au présent » 
De la religion, il dira que c’est une religion de vieux et de femmes, culpabilisante qui dévalorise le présent au profit de la mort. La mort ne débouche sur rien.
« Je n’aime pas croire que la mort débouche sur une autre vie. Pour moi, c’est une porte qui se ferme »
Camus exprime ouvertement ses reproches aux chrétiens dans son roman « la Peste » à travers les prêches du père Paneloux. Il en fait un personnage négatif à l’image du christianisme .
« mes frères vous êtes dans le malheur et vous l’avez mérité »
Un Dieu puissant et malfaisant qui punit donc... En faisant le choix du mythe il donne un visage au mal, figure de l’occupation et du nazisme. Après la mort d’un enfant le prêche du père Paneloux évolue et il encourage les paroissiens à s’engager. C’est ce qu’attend Camus des chrétiens car il
reconnaît que le chrétien est positif devant l’injustice mais il ne se bat pas assez.
« Seules la bonté et la bienveillance me feront pleurer toute ma vie »
Bien que Camus soit agnostique et distant du mystère chrétien il est ouvert au dialogue.
La conférence en 1946 avec les dominicains : le père Médieux lui demande de venir faire un exposé sur le thème suivant : Qu’est ce que l’on demande aux chrétiens ?
Camus a plutôt orienté sa réponse en nommant des points de divergences et de convergences. Le dialogue ne peut être entendu que s’il est vrai, les hommes ont besoin de dialogues. Il a du respect pour cette foi et ne nie pas le christianisme mais il ne peut y adhérer. Il n’y a pas de consensualité car chacun reste ce qu’il est. Il ne partage pas l’espoir chrétien. Cependant il est un humaniste sans Dieu car il croit en l’homme.
La correspondance entre Albert camus et Maurice Zendel un prêtre suisse a été très riche car Zendel a lu toute l’oeuvre de Camus et l’estime beaucoup.
« L’essentiel n’est pas de savoir si nous serons vivants après la mort mais si nous serons vivants avant la mort » Maurice Zendel
« J’ai conscience du sacré » Albert Camus
Albert Camus touche les chrétiens car c’est un homme curieux de l’homme qui a une grande profondeur dans ses réflexions. Il est toujours en recherche de sens et très attaché aux valeurs humaines. Il dit entre autre que les derniers doivent être les premiers et que l’humanité doit combattre en faveur des humiliés. On retrouve là des valeurs évangéliques.....
Dominique Gillard