Etre médecin est d’abord une vocation, qui ne se décide pas à la légère, dans le sens où l’on sait pertinemment que l’on s’engage pour des études longues et difficiles. Et, une fois installé, on sait également qu’il faudra accepter beaucoup de sacrifices, accepter d’amputer ses activités de loisirs, ses vacances, parfois même sacrifier une partie de sa vie familiale ou relationnelle, mais en échange, on peut recevoir beaucoup. En ce qui me concerne, j’avais 6 ans, quand j’ai dit à ma grand-mère que je voulais être médecin. Je me souviens qu’elle m’avait répondu à l’époque : "Oh, c’est bien, comme ça, quand tu seras grand, tu pourras nous faire des piqûres". Et moi, de répondre avec l’aplomb de mes 6 ans :" Oh, quand je serai médecin, il y aura longtemps que tu seras morte" ....
Tout ça pour dire qu’une vocation, ça peut se décider tôt. Etre médecin, c’est avant tout avoir une capacité d’écoute, un rôle de soulager les douleurs quelles qu’elles soient, physiques ou morales, de pouvoir faire preuve de compassion, de jouer le rôle de psychologue, d’infirmier, voire parfois d’assistante sociale, d’annoncer les bonnes nouvelles, les espoirs de guérison qui se profilent, les grossesses lorsqu’un enfant est vraiment désiré, et aussi à l’autre extrémité savoir accompagner les fins de vie. Mais, être médecin et croyant est une chance inouïe de pouvoir mettre en application et vivre l’évangile au quotidien.
Lorsqu’on exerce la profession de médecin, il faut être rigoureux, faire appel à toutes ses connaissances et à toutes les données scientifiques dont on dispose, mais lorsqu’on est médecin et chrétien, il s’y ajoute une donnée fondamentale, l’Amour avec un grand A, dans le sens où on demande au Seigneur de nous accompagner tout au long de la journée pour pouvoir être au maximum disponible, pour répondre aux besoins des malades, aux urgences ou exigences diverses, aux détresses parfois, même si il peut y avoir des abus, mais le Seigneur ne nous a t-il pas appris que l’Amour c’est aussi la patience.
Et puis, avec le temps, on s’aperçoit que si on sait être patient, se donner aux autres, le Seigneur vient nous aider par des petits clins d’oeil divers, des grâces inattendues, souvent surprenantes, qui nous font comprendre qu’il est bien là près de nous et qu’il nous accompagne. J’en ai fait plusieurs fois l’expérience et cela vaut toutes les récompenses. Se rendre compte qu’il est là présent, qu’on est aimé nous aussi, tant est qu’on aime également les autres, qu’on ne les repousse pas, même parfois lorsque cela est pénible et demande des efforts.