Un regard sur la vie consacrée : avoir un frère moine
Le 2 février, en Eglise nous fêtons la « vie consacrée », ceux et celles qui ont choisi de tout vouer à Dieu, de se mettre à part pour Dieu tout en étant bien dans le monde par leur présence et leurs engagements. Ce jour-là, nous prions pour eux, pour elles afin de les soutenir dans leur vie ; nous rendons grâce à Dieu pour leur « oui » à l’appel du Christ pour toute la vie dans la fidélité à La Parole.
Comme vous, au quotidien, je rencontre des prêtres, des religieux ou religieuses. Ces quelques mots qui suivent sont pour partager avec vous un regard sur la vie de moine d’un de mes frères. Une vie consacrée, la sienne, c’est une longue histoire, un long cheminement. Dès 7-8 ans, il souhaite faire comme untel, un des grands frères (parti au séminaire mais qui n’y restera pas). Lui fera ses études près des Frères des écoles chrétiennes. Après le bac, il lui est demandé d’assurer l’avenir, se prépare à un métier. Il se lance dans une formation scientifique tout en commençant des études théologiques. En parallèle, il mûrit sa vocation : actif ? Contemplatif ? Où ? Finalement, ce sera religieux moine à l’abbaye bénédictine St Martin de Ligugé, près de Poitiers (Vienne).
Etre moine ? C’est une vie retirée du monde actif, une vie vouée à Dieu : les 7 temps de prière qui ponctuent la journée de 5 h du matin à 20h15 en témoignent. Rendre gloire à Dieu pour la vie, la beauté du monde. Prier pour chacun de nous, les êtres chers, ceux qui n’ont pas le temps, … pour ceux qui souffrent, ont la vie dure, … les organisateurs, les responsables, … tout le monde.Petit signe qui montre une vie tournée vers Dieu : en communauté, on fête le saint patron d’un moine et non l’anniversaire.
Etre moine ? C’est une vie les pieds bien sur terre ! En rentrant dans cette abbaye, mon frère a choisi une vie communautaire à construire tous les jours comme une vie familiale : le temps quotidien pour échanger, la journée détente par semaine (marche ou visite extérieure) et bien sûr les temps forts et de retraite ensemble. C’est également assurer la vie matérielle de la communauté (le nécessaire pour vivre, l’entretien des bâtiments, …), chacun a son travail selon ses compétences. « Saint Benoît dit que pour être un vrai moine, il faut vivre du travail de ses mains ».
Etre moine ? C’est vivre dans le monde. Pas de télé mais une écoute du monde par des journaux, les contacts et rencontres de chacun, … et les liens familiaux avec la participation exceptionnelle à quelques événements forts. C’est être présent aux autres par l’accueil et/ou l’accompagnement humain ou spirituel au monastère de personnes chrétiennes ou non (ressourcement, recherche de sa voie, …) ou parfois à l’extérieur. Pour mon frère, ce sera de mettre ses compétences économiques et informatiques non seulement au service de l’abbaye mais au fil des années à des monastères bénédictins liés par le même fondateur en France, Afrique, Europe, Amérique, … Présence bien concrète dans une grande diversité de pays.
Pour mon frère, il le dit clairement, son choix de vie est : être religieux pour Dieu. Lors de ses vœux perpétuels, il s’est engagé à vie avec la communauté St Martin de Ligugé (en principe) puis il a été ordonné prêtre pour servir sa communauté. Récemment, il a été appelé par une autre abbaye bénédictine pour une nouvelle mission. C’est donc avec l’accord du pape François qu’il a quitté Ligugé pour l’abbaye Notre-Dame de Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence). Il a été élu Père Abbé de cette communauté. Sa devise : Pro dei amore, « Pour l’amour de Dieu » (règle de St Benoît, chap. 7, v. 34).
Françoise Bouvier