La vie de famille !! Lieu des bonheurs les plus grands comme des violences les plus terribles, la famille fait beaucoup parler d’elle, entre autres depuis les confinements. Elle est le lieu d’un déterminisme heureux ou moins chanceux. Elle est la clé de notre savoir-vivre en société et je pense, plus largement, de la démocratie. Pour notre témoignage, nous nous concentrerons sur la famille très proche : nos enfants et l’éducation, pour Gaëlle et moi, ce sont 4 filles (Louléa : 13 - Noélie : 11 - Thaïs : 8 - Azilys : 3 ans). Mais on pourra facilement l’élargir à la famille proche : nos parents, frères et sœurs ; nous concernant : à part une réunionnaise, la famille se trouve dans le grand ouest. Ensuite il y a les oncles et tantes (on ouvre sur la France) et nous avons toujours une mamie en vie, elle est à Baugé. On pourrait aussi parler de la famille de cœur mais je préfère recentrer sur la famille de sang, celle qui, parfois, est présentée comme celle qu’on ne choisit pas.
Nous appartenons donc tous à une filiation qui nous rattache à des personnes en amont, que nous n’avons pas choisi certes, mais eux ils ont choisi que nous soyons là. Et, quand nous sommes parents, il y a cette dynamique affective de la transmission, si nous ne projetons pas un métier ou une carrière pour nos enfants, nous souhaitons qu’ils soient heureux dans leur vie et la société. C’est une question que nous posons aux couples à la préparation au mariage religieux : "pour vous, être heureux c’est quoi ? Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à vos enfants ?" Les conjoints sont-ils passés de "je reçois" à "je donne" ?
Nous venons tous d’une envie de perpétuer l’amour, la vie et, normalement, de transmettre des valeurs. La vie de famille est la principale source de valeurs ; les nôtres sont très liées au catholicisme et à la pédagogie éducative des Scouts de France : éveil à la parole, éveil au corps, éveil aux autres, éveil à la foi, éveil à la Nature.
Pour Gaëlle et moi, la famille doit avant tout être un lieu d’Amour... voilà, une grande idée !... Plus concrètement pour nous, cela signifie que notre vie de famille se caractérise par :
1/ la famille est un lieu de sécurité et de promotion de l’autre : où chacun doit prêter attention à sa façon de s’exprimer pour ne pas blesser, réduire l’autre, l’importance de la politesse, être dans la bienveillance, l’écoute, la gratitude, respect du moyen, du petit et du grand, de la différence et des capacités (entre autres liées à la différence d’âge) et la tendresse aussi, on ne peut pas vivre sans (mais que c’est dur de faire un bisou à sa sœur dès qu’elle a plus de 5-6 ans !!).

2/ la famille est le lieu où on découvre les variations de l’Amour (Philia-eros-Agapé) : l’Amour entre papa-maman n’est pas le même qu’entre papa et ses enfants, n’est pas le même qu’entre sœurs et n’est
pas le même entre copines et copains et enfin l’amoureux. Différencier la force du lien, l’engagement envers l’autre, le don de soi.

3/ la famille est un lieu où on apprend la fidélité : éveil à la Parole et tenir Parole (je fais ce que je dis, je m’engage), et le don et le pardon (quand je n’ai pas fait -ou pas bien- ce que je devais faire), la paix en s’opposant à la jalousie (entre sœurs !!), en mettant en valeur leurs différences à chacune (leurs talents) et ceci avec humilité et au service des autres (on ne consomme pas la famille), apprendre le partage (que c’est dur surtout quand c’est bon !!) et encore plus dur : le don... Il est souvent demandé aux parents d’intervenir en arbitre, gendarme, juge pour une justesse à la seconde, au micromètre, au milligramme ("elle en a plus que moi !", "elle en a fait plus que moi", plus longtemps", "moins" beaucoup", "jamais "toujours"...) ... Les enfants ont un sens très aiguisé de la justice (surtout en leur faveur) avec des réactions, des émotions, des frustrations à leur apprendre à accueillir.

4/ la famille est un lieu où on apprend l’éveil du corps : un corps qui nous fournit du plaisir par les repas (surtout l’apéro), la danse, la chanson, le sport, les câlins, ... : un corps à prendre soin, un corps à éveiller, un corps à exercer. Respecter des règles : se coucher, se laver, changer ses habits, faire ses devoirs, se brosser les dents, manger de tout, "c’est pas facile" dirait Azilys du haut de ses 3 ans, ça prend du temps sur le temps de jeu, oui, mais c’est important pour ton corps et pour être en relation avec les autres...

5/ La famille est un lieu où on apprend l’effort ou "l’amour dans tout" : on le voit dans tout ce qu’on a cité précédemment, l’effort est sous-entendu : "je dois faire un effort pour mes devoirs, pour partager, pour faire du sport..." et, cet effort amené par le biais avec respect, bienveillance et autorité pourra évoluer en plaisir. Et une des grandes difficultés d’être parent est d’être au rendez-vous des règles que nous énonçons, sans colère. La meilleure autorité est celle de la cohérence entre nos paroles et nos actions. Le mimétisme est un allié.

6/ La famille est un lieu où on apprend le respect du vivant, de la nature : nous avons un attachement à connecter nos enfants à la nature, au quotidien (choix de nos achats, mode de vie, mode de transport), par le scoutisme, nos choix de vacances (nous faisons partie du slow-travel : itinérances camping-vélo), on apprend : la simplicité et l’essentiel, pour voyager léger ; on retrouve le temps des relations humaines, le temps long, s’arrêter quand on veut, discuter, admirer, accueillir l’inattendu... le bonheur, surtout quand il fait beau. Et perdre un peu de confort, ça permet de le valoriser au retour.

7/ Et je vais finir par : La famille est un lieu où on apprend le plaisir et le détachement -quand même- : en plus des plaisirs du corps, il y a les plaisirs de l’esprit : jouer, rigoler ; les plaisirs du cœur : célébrer (dès qu’on peut), offrir des cadeaux, des mots gentils, faire une pause, prendre le temps de se rendre compte que nous sommes heureux, faire les fous, alléger les règles un moment, le temps d’une fête, confier ses enfants aux grands-parents, à des animateurs, et ce 7ème point pourrait être surclassé car rendre nos enfants libres est aussi un défi éducatif. Un autre thème... car notre société flatte les addictions.

La vie de famille, c’est "la vie" : savoir qu’on peut la perdre la rendra plus belle, et "de famille" : savoir vivre avec des personnes que nous n’avons pas choisies... c’est la base de la société et de la fraternité. Si chacun fait un effort, chacun aura un bout de bonheur. Et, encore et toujours, n’attendons pas que nos proches soient décédés pour leur dire qu’on les aime, qu’on leur pardonne... Vivons le cœur léger... mais ça peut demander un effort... ;o)....

Gaëlle et Benoit