Notre église : la façade (1/3) la Croix, signe de Rédemption

Nous commençons curieusement cette série sur la très intéressante façade de notre église en en présentant un détail : sa Croix de faîtage. Même si la Croix d’une église n’est surtout pas un détail ! La Croix du supplice condense en elle tellement d’aspects de la foi chrétienne qu’elle est bien davantage qu’un logo identifiant pour le monde.
À l’entrée dans le temps pascal, c’est le moment de nous demander si nous sommes nombreux à avoir observé la Croix qui domine l’église. Elle signale que ce bâtiment n’est pas ordinaire mais un lieu chrétien. Elle est remarquable à plusieurs points de vue :
1-En 1955, l’architecte Henri Pierre Enguehard (1899-1987) et son collaborateur Guy Lamaison (1926-2013) l’ont conçue en ardoise, matériau que l’on trouve utilisé, non seulement pour l’ensemble de la façade, mais encore pour le mobilier liturgique. Le schiste est poli, comme les encadrements des fenêtres qui donnent un rythme à cette façade, et aussi comme l’autel, l’ambon et le bas-relief de ND du Lac. On sait l’importance de l’ardoise dans notre pays et en particulier dans le sous-sol de la paroisse : l’étang St-Nicolas est venu combler la carrière d’ardoise qui permit d’édifier le château d’Angers.
2- Cette Croix présente une grande originalité : sa forme est inspirée à la fois de la Croix de Malte et de la Croix latine ; elle est double, constituée de quatre parties verticales séparées et appariées, lui donnant un relief rare.
3-La face de la Croix est donc très marquée visuellement par le trait de lumière vertical qui la coupe en deux.
Cette dernière particularité nous évoque un passage du Livre de la Genèse (15, 10.17-18a) : « Abram prit tous [les] animaux [que le Seigneur lui demandait, dont un bélier], les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; […] Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d’animaux. […] Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram. » (Traduction AELF).
Ce texte nous amène à établir un parallèle entre les animaux sacrifiés et le sacrifice de l’Agneau de Dieu sur la Croix, entre le bélier coupé en deux et cette Croix fendue dans le sens sagittal, entre l’ancienne Alliance basée sur le sang des animaux et la Nouvelle Alliance basée sur le Sang de Jésus Sauveur. La Croix de notre église peut conduire à penser qu’elle symbolise l’Alliance désormais éternelle de Dieu avec son Peuple racheté une fois pour toutes. C’est là le mystère de la Rédemption.
L’orientation de notre église permet-elle au soleil, à un moment donné de l’année quand il est assez bas un peu avant le couchant, de passer entre les deux parties de sa Croix comme la torche enflammée de la Genèse ? Ce serait une belle image !

Christian Noël et Mireille Cottenceau