L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ
Citons Dorya Ndjam’s : « Ce lieu, je le trouve super ! […] Ce qui attire mon attention, c’est la construction avant de l’église, le matériel qui a été utilisé (mélange de différentes pierres). Et c’est cette particularité qui fait sa beauté et son rayonnement ». https://www.monnuage.fr/point-d-int...
Le matériau de la façade est en effet constitué de pierres d’ardoise de différentes couleurs et dispositions. Certaines orientations ne sont pas sans rappeler l’« appareil en arête de poisson » souvent rencontré en architecture depuis l’antiquité romaine. On en trouve non loin un superbe exemple en briques, probablement de l’époque des carolingiens ou du Xème s. à l’église Saint Pierre et Saint Romain de Savennières.
Ici, la construction du bâtiment débute en 1954. L’architecte H. P. Enguehard et son collaborateur G. Lamaison semblent avoir interprété de façon très libre et des plus artistiques cet appareil pour notre façade juste achevée pour le printemps 1955. Ils ont opté pour le matériau local : la roche schisteuse. C’est aussi au début des années 1950 que les mêmes architectes construisent avec le schiste ardoisier la Chapelle du Carmel d’Angers et la Galerie de l’Apocalypse au Château. Le choix de l’ardoise angevine pour cette belle façade l’enracine dans la culture séculaire de notre terroir.
Mais attardez votre regard sur ce mur. Le schiste ardoisier présente selon l’éclairage du ciel une palette infinie de couleurs : le bleu plus ou moins profond des pierres contraste ainsi avec les multiples teintes rouges de rouille qui marquent beaucoup d’entre elles, colorées sans uniformité ou mordorées par les oxydes de fer. La polychromie en camaïeu va jusqu’à laisser voir des teintes très claires apparaissant par contraste comme blanches, à l’instar du « fond » clair des joints. Les textures aussi sont variées : certaines pierres brutes montrent les feuilles superposées du schiste et ses lignes de clivage. Plusieurs ardoises sont marquées par le sciage, d’autres ont un aspect lisse, voire poli. Ainsi, l’heure, la saison ou le temps qu’il fait met en lumière tel ou tel aspect.
Ce mur présente une diversité extraordinaire du travail réalisé avec les pierres de schiste entre les contreforts : les directions verticale et horizontale, et les deux orientations diagonales alternent en plusieurs combinaisons. Les dispositions diagonales propres à l’appareil en arête de poisson ne sont jamais disposées comme telles mais auraient bien pu l’être. Les concepteurs ont manifestement voulu éviter ce schéma ancien. Si vous êtes attentif, vous découvrirez avec étonnement deux agencements qui forment des frises très originales. L’un croise les directions diagonales, l’autre croise les verticales et les horizontales. À elles seules, ces deux frises méritent l’observation minutieuse qui est mise en relief par les autres où les dispositions n’ont pas exigé la même concentration.
De plus, il faut souligner la symétrie en miroir de cette façade. Son axe vertical et ses nombreuses lignes en accent circonflexe (toiture, auvent, porte) augmentés du rythme très fort des fenêtres avec chacune son petit chapeau, conduisent le regard à la Croix du faîte et nous élèvent vers le Ciel.
La variété des ardoises dans leurs couleurs, textures et orientations crée l’harmonie admirable de cette façade. Aujourd’hui, nous vous invitons à y lire une image idéale de l’Église en notre paroisse : la dimension multiculturelle très forte et les différentes générations des personnes qui forment notre assemblée amènent une diversité qui la travaille en profondeur. Notre communauté est appelée à dépasser les différences qui existent entre ses membres pour vivre une fraternité digne des enseignements du Christ. C’est l’unité dans la diversité de ses « Pierres Vivantes » qui fera « sa beauté et son rayonnement » en reprenant les mots que Dorya Ndjam’s a utilisés. (Photos AL, CC.)