Comme pour beaucoup, le télétravail a déboulé dans ma vie le 17 mars 2020, au début du premier confinement. Jusque-là il n’avait jamais été mis en place dans mon entreprise, le directeur n’y étant pas favorable. Il s’agit de quelqu’un d’assez paternaliste qui a besoin de ressentir « ses troupes » autour de lui pour prendre le pouls de l’entreprise et du personnel. Là, pas le choix ! Il a fallu équiper en urgence ceux qui ne l’étaient pas, trouver des solutions matérielles mais aussi des outils pour pouvoir continuer à être en contact entre nous et avec nos clients et prestataires extérieurs. Ça a été l’arrivée de « Zoom », ce logiciel de visioconférence qui a rapidement été adopté. Depuis la fin de ce premier confinement le télétravail partiel est resté de mise pour un bon nombre, avec un roulement organisé pour éviter la présence de trop de monde simultanément dans les bureaux.

Pour ma part, je suis rarement en télétravail car je préfère travailler sur place, aller discuter d’un sujet avec l’un ou l’autre. Ce n’est pas forcément un gain de temps immédiat mais cela permet plus de fluidité dans les relations. Et puis parler d’un sujet permet souvent d’en aborder un autre auquel on n’avait pas pensé, ou encore de prendre des nouvelles du collègue, de sa famille, parfois de ressentir si l’un ou l’autre ne va pas trop bien… Bref, de faire société. Cela est plus délicat en télétravail, même si, et à condition que le poste de travail soit bien installé à la maison et que l’on arrive à être au calme, on peut souvent être plus efficace qu’au bureau, car moins dérangé. Cela m’arrive de faire ce choix si j’ai besoin de travailler un dossier ou de rédiger un document —à condition que les enfants soient à l’école !— Mais cet isolement, qui peut être recherché ponctuellement, peut vraiment être difficile à vivre s’il est contraint, non choisi.


Aujourd’hui, la position initiale de la direction a un peu évolué. Une charte de télétravail est en discussion au sein de l’entreprise. Elle assurerait le droit à un jour de télétravail par semaine. C’est désormais demandé par un certain nombre de salariés, souvent ceux qui n’habitent pas forcément près d’Angers, mais pas seulement. Ainsi, ceux dont le poste le permet pourront bénéficier de ce nouveau droit. On remarque aussi que souvent, désormais, lors des recrutements, c’est une question qui est posée par les candidats. Un bon nombre souhaite faire du télétravail. S’agit-il d’un progrès ? Individuel, sans doute, dans l’organisation de la semaine, de la vie familiale… Mais cela met en question la dimension collective de l’entreprise. En effet, on ne fait pas « entreprise » seul, comme on ne fait pas « Eglise » seul. Que devient cette dimension si chacun est absent à tour de rôle ?